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SPORT ET HANDICAP

Source : RDV kiosque : Sport et Handicap
Sport et handicap (1/3) : la Fédération française à la conquête des licenciés
LEMONDE.FR | 10.09.10 | 17h50
 
Que les sportifs soient handicapés ou non, leurs performances dépendent souvent
des moyens financiers mis en œuvre par les fédérations nationales. Le budget de
la Fédération britannique handisport atteint, par exemple, les 60 millions
d'euros, tandis que celui de son homologue française ne dépasse pas les 12
millions. Résultat, lors des derniers Jeux paralympiques d'été, en 2008, la
Grande-Bretagne a fini troisième, la France douzième. Mais, dans un domaine
aussi particulier que le sport pour personnes non valides, tout ne peut se
résumer à une histoire de performances. Derrière l'écart des chiffres se cachent
des objectifs différents.
 

"Certains pays ont pour priorité d'obtenir les résultats les plus brillants au
haut niveau. C'est un choix. Moi, aujourd'hui, je n'ai pas l'utilité de disposer
d'un budget de 60 millions d'euros. Certes, le handisport s'est professionnalisé
et c'est tant mieux : il faut continuer dans cette voie-là, mais il faut surtout
attirer un public nouveau et l'aider à s'épanouir", explique le président de la
Fédération française de handisport, Gérard Masson. Si la Fédération hexagonale
n'entend pas se retirer de la course aux médailles et perdre sa place parmi les
quinze meilleures nations du monde, son objectif premier est d'augmenter son
nombre de licenciés. A l'heure actuelle, elle en compte 25 000. Elle en voudrait
30 000 d'ici 2012.

À LA CONQUÊTE DES PLUS JEUNES

Pour ce faire, la Fédération handisport, créée en 1954 sous le nom d'Association
sportive des mutilés de France et regroupant des sportifs atteints de handicaps
physiques et sensoriels – la Fédération de sport adapté réunit ceux qui sont
touchés par des maladies mentales – multiplie les campagnes de promotion. Ainsi
le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris accueille vendredi et samedi les
rencontres EDF/Handisport.
A travers l'organisation d'ateliers qui présentent la grande variété des
disciplines handisport (il en existe plus de soixante-dix), la Fédération
communique sur un sujet souvent délaissé par les médias. Ou traité à grand
renfort de stéréotypes et de condescendance."Dans notre culture
judéo-chrétienne, on a coutume de cacher les handicapés ou de les présenter
comme des personnes en détresse. On ne demande qu'à être traités comme tout le
monde. Et plus il y aura de licencés, plus ce travail sera facile", s'exclame
Gérard Masson.
Parmi les moyens employés pour attirer un nouveau public, la Fédération a, par
exemple, envoyé soixante-quinze salariés dans les centres de rééducation à
travers le pays. Surtout, elle cherche à conquérir les plus jeunes :
"L'éducation nationale a fait beaucoup d'efforts pour intégrer les handicapés
dans les écoles, mais ils sont toujours dispensés d'éducation physique. C'est
fou ! Le sport est un formidable moyen d'épanouissement et de
responsabilisation, et un des rares espaces de rencontre entre valides et
non-valides."

CONTRE L'ASSISTANAT
 
Malgré tous ses efforts, la Fédération est confrontée aux mêmes problèmes
d'accessibilité que l'ensemble des handicapés. Il existe un millier
d'associations proposant des activités sportives aux non-valides, mais il n'est
pas toujours facile pour eux d'y avoir accès. "On fait ce qu'on peut, mais nous
sommes tributaires des retards dans les infrastructures à l'échelle nationale.
Pour un handicapé, les problèmes d'accessibilité se posent sans cesse. Prendre
le TGV est un calvaire à cause de problèmes tout à fait triviaux, comme le peu
de toilettes adaptées..."
 
  
Pourtant, c'est une évidence, le sport peut être d'une grande utilité pour les
personnes handicapées. Au-delà de la réappropriation du corps et d'une aide à
l'intégration sociale, la pratique d'une activité sportive permet de ne pas
céder à la tentation de l'assistanat, assure le président de la Fédération. "La
compétition inculque les valeurs de combat et d'obstination. Avec la
multiplication des sections omnisports, les athlètes handicapés suivent les
mêmes entraînements et subissent les mêmes contraintes que les autres. C'est
l'objectif : il faut sortir de l'idée, parfois entretenue par les handicapés
eux-mêmes, que nous avons besoin d'aide."
 
Imanol Corcostegui
 
Sport et handicap (2/3) : ces champions handicapés qui se frottent aux valides
LEMONDE.FR | 11.09.10 | 15h42
 
Lors des Jeux Olympiques de Pékin en 2008, le sprinteur sud-africain handicapé,
Oscar Pretorius, avait obtenu (sans parvenir à se qualifier) le droit de
concourir avec les athlètes valides. Derrière cet exemple en trompe l'oeil - la
polémique concernait un avantage supposé dû aux prothèses en carbone de
Pretorius -, une question avait alors attiré l'attention des médias : un sportif
non-valide doit-il se cantonner aux épreuves handisport ?
 

La Fédération française handisport s'est donnée pour but de rapprocher, dans les
clubs, sportifs valides et non-valides. Les champions handicapés s'entraînent
régulièrement avec leurs homologues valides, et certains d'entre eux visent la
participation aux compétitions "normales". "Il faut rapprocher ces deux mondes :
c'est le meilleur moyen d'apprendre à accepter les différences, tout en
cultivant l'esprit de compétition", explique Gérard Masson, le président de la
Fédération française handisport.

LES JO VALIDES DANS LE VISEUR

Médaillé d'or aux Jeux Paralympiques de Pékin en saut en longueur, Arnaud
Assoumani, atteint d'une agénésie de l'avant-bras gauche, avoue que son ambition
de sportif est frustrée par l'organisation des compétitions handisport. "Je ne
concours qu'avec des personnes de mon handicap. Du coup, il y a plusieurs
champions paralympiques dans la même discipline. Mon ambition n'en est que
moyennement satisfaite !  Je me considère comme un sportif et je ne réfléchis
qu'en terme de performance. Je veux aller le plus haut possible et cela veut
dire me frotter à des valides."
Cet espoir du saut en longueur, dont le record personnel est à 7,82 mètres, a
déjà participé à plusieurs meetings avec des valides. Et ses performances ont
impressionné : aux championnats de France en salle, en février dernier, le
Français a terminé troisième. Logiquement, il voit encore plus loin : "Mon
objectif est de devenir le premier athlète handicapé à participer aux Jeux
Olympiques valides. Cela peut paraître fou mais je pense que c'est dans mes
cordes."

PEUR DE DÉRANGER

Atteinte d'un handicap visuel, Nantenin Keita, la fille du célèbre chanteur
malien Salif Keita, a, elle aussi, décidé de se frotter aux compétitions des
valides, après sa médaille d'argent (sur 200 mètres) et celle de bronze (sur 400
mètres) aux Jeux Paralympiques de Pékin. Avec son club, l'Entente Athlétique de
Saint-Quentin-en-Yvelines, elle va participer aux épreuves de relais du
championnat de France.
"C'est assez dur à accepter. Je gagnais tout le temps et maintenant, c'est loin
d'être le cas ! Mais c'est un moyen indispensable pour me réaliser en tant que
sportive. C'est devenu un passage obligatoire." Elle ajoute : "En plus, je
trouve que le relais est une belle illustration de ce que peut apporter le
handisport. Mon handicap rend cette discipline difficile pour moi, mais les
valides sont là pour me guider et me soutenir."
Paraplégique depuis un accident de voiture il y a dix ans, Pauline
d'Hortefeuille, championne paralympique d'escrime, s'entraîne régulièrement avec
les valides. "Au départ, on a peur de déranger. Je ne peux pas transporter tout
le matériel, j'ai besoin d'aide pour des choses toutes bêtes. Toujours
quémander, c'est usant mais, avec le temps, ça devient une routine."
 
QUESTION D'ÉQUILIBRE

Certains sportifs réclament même que les Jeux Olympiques et les Jeux
Paralympiques ne deviennent plus qu'une seule et même épreuve, avec des
classements différents. Pour Gérard Masson, ce n'est pas une bonne idée. "C'est
une bêtise, rien qu'au niveau des infrastructures. On ne peut pas comparer
valides et invalides. Moi, j'étais un champion de haut niveau en tennis de table
mais mon entraîneur, valide, me battait quand même de la main gauche." Le monde
du handicap comprend une telle variété de cas qu'il est impossible de faire des
généralités sur la question. Mais tous sont favorables à un rapprochement entre
les sportifs valides et non-valides.
 
  
Pour Pauline d'Hortefeuille, c'est même une question d'équilibre. "En tant que
sportifs, nous avons besoin d'affronter les valides mais c'est vrai que,
souvent, ils n'osent pas se comporter normalement avec nous. Ils ont tendance à
considérer nos performances comme exceptionnelles, juste parce que l'on est en
fauteuil. Résultat, le handisport est nécessaire. En fait, j'ai vraiment besoin
des deux."
 
Imanol Corcostegui
 

Sport et handicap (3/3) : les difficultés du sport pour handicapés mentaux
LEMONDE.FR | 13.09.10 | 10h13
 
Jeux paralympiques de Sydney, octobre 2000. L'équipe d'Espagne déficiente
intellectuelle remporte la médaille d'or de basket. Problème : peu de temps
après, le Comité international paralympique apprend que dix des douze joueurs
qui constituaient l'équipe ne souffrent d'aucun handicap mentalLe Comité
décide alors d'exclure le sport adapté, qui regroupe l'ensemble des sports pour
handicapés mentaux, des Jeux paralympiques. Ils ne seront réintégrés que dans
deux ans, pour les Jeux de Londres.
 
Après plus de dix d'absence, le sport adapté va donc retrouver sa place aux
prochains Jeux paralympiques. L'occasion peut-être de récupérer un peu de
lumière médiatique que cette pratique sportive a perdu depuis trop longtemps.
 
Imanol Corcostegui


16/09/2010
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